Chaque année en France, plus de 85 000 ha de terres agricoles incluant des espaces naturels, sont transformés en routes, habitations, zones d’activités, et ce rythme s’accélère fortement. Le maintien des activités et paysages d’une agriculture urbaine et périurbaine (plus du tiers des exploitations agricoles), la protection et la valorisation du patrimoine forestier et de ses lisières, sont des enjeux majeurs aux plans social, économique, écologique, et pour une gestion durable de territoires mêlant ville et campagne. Les espaces agricoles sont le support de fonctions écologiques, économiques et sociales (production d’aliments, de biomasse, d’Éco-matériaux, épuration des eaux, fonctions paysagères, animation de territoires…), et l’agriculture a en charge leur gestion.
La préservation de ces diverses fonctions nécessite de retrouver un équilibre entre les logiques de développement urbain, de protection de la nature et de redéfinition d’une agriculture locale. Elle nécessite notamment de favoriser une économie locale, sociale et solidaire, qu’elle soit agricole, forestière ou horticole, de nature à renforcer le lien social, l’emploi et à améliorer les marges de l’activité économique des acteurs locaux qui en assument la gestion.
Il faut ainsi soutenir l’installation d’agriculteurs (en particulier des jeunes en zones urbaines), améliorer leurs revenus et leur intégration territoriale avec le développement des circuits courts, d’une agriculture de proximité de qualité, des démarches contractuelles pour restaurer et valoriser les fonctions écologiques des espaces naturels, agricoles et forestiers, rémunérer la contribution de l’agriculture urbaine et périurbaine au paysage et à l’entretien des espaces.
Il est également important de sensibiliser tous les acteurs locaux aux rôles que joue et pourrait jouer l’agriculture pour la nature en ville ainsi qu’aux actions ou démarches pouvant être mises en œuvre en ce sens dans les villes.
À ce stade, un important travail reste à faire pour mettre en place des instruments ou dispositifs incitatifs, économiques et fiscaux pour valoriser les diverses fonctions du foncier non bâti (approche économique des différentes fonctions environnementales assurées par les espaces naturels agricoles et forestiers, coût économique et collectif global de la conversion de leurs usages), et élaborer des schémas d’organisation et de logistique de filières locales de services et de production qu’il s’agit de créer ou de conforter (filières bois-énergie, éco-matériaux, etc.).