Sauvages de ma rue est un programme de science citoyenne: c'est à la fois un projet pédagogique animé par l'association Tela Botanica, et un projet scientifique du laboratoire CERSP du MNHN.
Pour valoriser la nature en ville il faut la faire connaitre. Les sciences participatives sont adaptées à cet objectif : les citoyens sont invités à participer à des programmes de recherche, avec un objectif scientifique autant que pédagogique : faire connaitre, faire voir. Le projet Sauvages de ma rue a pour but de permettre aux citadins de reconnaître les espèces végétales qui poussent dans leur environnement immédiat, les plantes qu’ils croisent quotidiennement dans leur rue, autour des pieds d’arbres, sur les trottoirs, dans les pelouses… Même s’ils n’ont aucune connaissance en botanique, grâce à l’utilisation des outils très simples mis à leur disposition, ils peuvent faire la liste des espèces qui poussent dans leur rue et transmettre leurs données aux chercheurs grâce au site internet http://sauvagesdemarue.mnhn.fr/.
L’objectif de Tela Botanica avec « Sauvages de ma rue » est de toucher un public nouveau : les urbains ne sont en général pas touché, surtout ceux qui n’ont pas de jardin privé. Il fallait un protocole simple, et une problématique de départ qui motive les participants : les brèches urbaines (dans les murs…) peuvent-elle jouer un petit rôle de corridor ?Le programme qui a été mis en place est très simple et facile d’accès, sans inscription.
Protocole : choisir une rue, lister les espèces, cocher dans quel milieu (dans que type de brèche) elles ont été vues, puis transmettre les données par internet aux scientifiques.
Mais… il faut reconnaitre les espèces ! Les plantes sauvages sont farfois de formes différentes de celles du type, pas forcément en fleur, petites… Et les participants ont surtout peur de faire des erreurs. Pourtant il y a peu d’espèces capables de se développer en ville, et un guide simple et accessible a pu être produit : un petit ouvrage contenant une clé par la forme des feuilles, une clé par la couleur des fleurs, plus des fiches par espèce.
Le retour visuel participe à motiver le contributeur : son observation apparait directement sur la carte avec son nom. Il est même possible d’envoyer des photos, les participants ont ainsi moins peur de s'être trompé.
L’objectif de départ était de créer une plateforme et mettre à disposition des outils pour que les gens se l’approprient et que des initiatives locales émergent, du moment que le protocole de base est respecté. Les widget de saisi peuvent directement se copier-coller sur un site, un blog… Cela permet de multiplier les interfaces, de n’avoir plus que la carte de sa ville sur son propre site, d’adapter la liste de plantes suivant la région…
Le programme a d’abord été testé en 2011 en Île-de-France, puis lancé en 2012 sur le reste du territoire. Il commence à bien marcher, notamment grâce à la communication du MNHN. Fin 2012, on est arrivé à 10 000 données, avec 400 personnes ayant envoyé des informations plus d’une fois. Des établissements scolaires ont commencé à tester le programme.
Beaucoup de données étant nécessaires pour avoir des résultats scientifiques, il fallait des résultats de mi-parcours pour ne pas démotiver les participants. Aussi en 2013 des mini-protocoles seront testés : les participants seront invités à mesurer les espèces, pour chercher à savoir si les plantes vivant dans le centre ville sont plus petites que celles qui poussent en-dehors.
Outils d'identification:
- l'ouvrage "Sauvage de ma rue" est un petit guide, en vente en librairies, qui permet d'identifier les plantes sauvages les plus répandues en ville
- des outils en ligne sont disponibles dans la rubrique Biodiversité urbaine du site Sauvages de ma rue
Les données arriveront dans les bases de données du Muséum National d’Histoire Naturelle et de Tela Botanica qui pourront les analyser. Elles permettront d’avancer sur la connaissance de la répartition des espèces en ville et sur l’impact de ces « brèches urbaines » sur la qualité de la biodiversité. Les données pourront éventuellement être fournies aux collectivités désirant en savoir plus sur leur diversité végétale.
Les évolutions pressenties incluent le développement d’un protocole adapté pour les gestionnaires d’espaces verts. Par rapport à des questions sur l’acceptation flore spontanée ou de la gestion alternative du désherbage, une des volontés serait de développer un observatoire de la flore urbaine professionnel qui intègre les modes de gestion.
Sauvages de ma rue fait partie de la grande famille des observatoires de la biodiversité qui composent Vigie-Nature. Vigie-Nature est un dispositif de suivi de l’état de santé de la nature ordinaire à travers des groupes indicateurs de biodiversité (oiseaux, papillons, chauve-souris, plantes et amphibiens), s’appuyant sur les réseaux naturalistes volontaires. La coordination au niveau national repose sur une équipe scientifique parmi les leaders en France et en Europe pour l’étude des impacts des changements globaux sur la biodiversité et la conception d’indicateurs.
Cette fiche initiative a été réalisée à partir de l'intervention de Jérémy Salinier, de Tela Botanica, le 13 décembre 2012 à Toulouse lors du premier atelier régional "Nature en Ville".
Voir la retranscription de la journée.